On en parle de plus en plus. L'écriture inclusive s'invite dans tous les débats, en réel et en virtuel. Cette forme d'écriture qui a pour objectif d'ajuster notre représentation du monde a-t-elle sa place dans la rédaction web ? Comment faire pour combiner les règles de rédaction optimisée pour le web (accessibilité, lisibilité, SEO...) avec celles de l'écriture inclusive ?
On réduit souvent la définition de l'écriture inclusive au point médian.
Écriture inclusive : de quoi parle-t-on exactement ?
Je pense que c'est intéressant de se poser la question parce qu'on réduit souvent la définition de l'écriture inclusive au point médian. Or, ce n'est qu'une technique parmi d'autres pour garantir davantage de visibilité aux femmes. Il existe beaucoup d'autres moyens tels que :
le dédoublement, ex. : « les entrepreneurs et les entrepreneuses »
l'utilisation de mots épicènes (= qui ne varient pas selon le genre), ex. : camarade, athlète, scientifique...),
éviter certaines expressions comme « les droits de l'Homme » au profit des « droits humains »...
Le problème avec le point médian, les parenthèses, des slashs, des tirets ou autres outils de ce type, c'est que ça exclut une autre partie de l'audience : les personnes ayant des difficultés à lire, les dyslexiques, les personnes qui apprennent la langue française... Or si l'on parle de langage inclusif, il me semble qu'il est exclu d'exclure, non ?
Certaines « règles » d'écriture inclusive sont incompatibles avec l'écriture optimisée pour le web
En tout cas, en ce qui concerne la rédaction web et le copywriting, les règles sont claires : il faut privilégier l'accessibilité et la lisibilité des textes, faciliter autant que possible la compréhension de ceux-ci par son public cible. Il existe d'ailleurs toute une série de bonnes pratiques pour y parvenir :
éviter la négation (« ne... pas »)
remplacer les acronymes par leur dénomination complète
privilégier la voix active (plutôt que la voix passive)
écrire des phrases courtes...
Je vous renvoie à mon article sur la relecture qualité pour en savoir plus.
Et donc, force est de constater que certaines « règles » d'écriture inclusive sont incompatibles avec l'écriture optimisée pour le web, comme l'usage du point médian ou de la voix passive.
Écriture inclusive et référencement naturel
Miss SEO girl a réalisé quelques tests pour savoir comment Google traitait les requêtes avec un dédoublement abrégé : musicien.ne ; musicien•ne ; musicien/ne ; musicien(ne)... Elle en a conclut que, pour l'instant, le moteur de recherche ne comprend pas l'intention de l'utilisatrice ou de l'utilisateur quand elle ou il fait une recherche « inclusive » et donc les résultats sont très différents.
Il faut garder à l'esprit qu'en matière de marketing et de référencement, il faut se mettre à la place du public cible. C'est sa manière de rechercher qui va définir les mots-clés à utiliser dans vos contenus. Il est assez peu probable que vos clients et prospects utilisent l'écriture inclusive en majorité d'une part et d'autre part, la même forme d'écriture inclusive.
L'écriture inclusive pour le référencement est donc déconseillé pour le moment mais Google fera peut-être évoluer son algorithme en ce sens d'autant qu'un récent article a annoncé que la direction du moteur de recherche était en faveur de l'utilisation du langage non genré. À suivre donc...
À lire également : Écriture inclusive et SEO : 10 pistes pour des textes neutres
Guide d'une rédaction porteuse de valeurs
Un compromis est-il impossible ? C'est la question que je me pose souvent. Au fil de mes lectures, j'ai quand même trouvé quelques éléments qui me semblent compatibles pour allier inclusion et copywriting. J'ai ainsi créé mon propre guide de rédaction porteurs de valeurs inclusives.
À toutes fins utiles, voici un dictionnaire des mots épicènes
Conclusion
On peut évidemment rejeter en bloc cette forme d'écriture. Ça ne regarde que vous mais gardez à l'esprit qu'une langue vivante évolue au fil de son usage et que selon les valeurs partagées avec votre public cible, vous pourriez avoir besoin de vous adapter.
Il faut aussi savoir que le problème ne se pose pas, ou moins dans d'autres langues comme l'anglais ou le néerlandais beaucoup plus neutres (ex. : le pronom « they » ou
« ze »).
Enfin, si vous avez envie de jouer le jeu et, au lieu d'envisager l'écriture inclusive comme une contrainte, la voir comme une source de créativité visant à rétablir un certain équilibre : la représentation d'une réelle mixité dans la société, alors sachez qu'il existe des tas de possibilités et rappelez-vous que le point médian n'est qu'une suggestion parmi tant d'autres. Il ne doit pas être une excuse.
Et en bonus, voici la rediffusion du « Lunch & talk » du 11 mars dernier : un quizz pour mieux comprendre les principes pour une écriture lisible et inclusive :
Envie de t'initier aux techniques d'écriture inclusive ?
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